Opération Ruisseau à Montreuil – Le mot de l’architecte

Le 13 décembre 2021

Les architectes Milena Karanesheva et Matthieu Darcourt de l’agence Karawitz, vous expliquent les spécificités de leur expérience sur la résidence Ruisseau, un projet d’habitat participatif à Montreuil. Comment le groupe d’habitant s’est structuré ? [MK & MD] : Dans l’habitat participatif, contrairement à un projet classique, nous connaissons les futurs habitants dès le début de […]

Les architectes Milena Karanesheva et Matthieu Darcourt de l’agence Karawitz, vous expliquent les spécificités de leur expérience sur la résidence Ruisseau, un projet d’habitat participatif à Montreuil.

Comment le groupe d’habitant s’est structuré ?

[MK & MD] : Dans l’habitat participatif, contrairement à un projet classique, nous connaissons les futurs habitants dès le début de la construction, ils participent ainsi à la co-construction de leurs propres logements.

Ce type de projet peut être initié de différentes manières. Dans le cas de l’opération Ruisseau à Montreuil c’est Coopimmo qui est propriétaire du terrain et qui porte le projet. Coopimmo a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour constituer un groupe d’habitant qui se sont manifestés lors d’une journée de portes ouvertes.

 

Qu’est-ce que ce change dans son travail d’architecte ?

[MK & MD] : L’habitat participatif est une opportunité pour les habitants de se confronter à l’acte de construire et de s’interroger sur leur habitat. L’architecte doit donc, à l’inverse d’un projet résidentiel classique, ouvrir la discussion avec les habitants individuellement mais aussi en tant que groupe pour faire émerger en eux la question de l’habitat groupé, de l’économie de la construction, de l’écologie etc… Il y a donc beaucoup plus d’interaction et de réflexion, et l’architecte doit organiser des réunions et prévoir des sessions par thématiques pour cadrer les choix des habitants tout s’assurant le bon développement du projet avec l’équipe de MOE. Sa position change car il peut, avec les habitants, proposer à la MOA des solutions d’habitat plus innovantes au-delà d’un cahier des charges ou d’un bilan immobilier pré défini en adaptant le projet de construction aux volontés du groupe.

 

Quelles sont les grandes caractéristiques architecturales de l’opération ?

[MK & MD] : La parcelle étroite et en longueur est très contrainte : PLU exigeant, dénivelé, proximité du voisinage… Le projet prévoit de reprendre les volumétries avoisinantes pour une meilleure cohérence à l’échelle urbaine : un volume en retrait côté rue du Ruisseau et la création d’une venelle piétonne sur la limite Est en réponse aux jardins voisins pour distribuer les logements. Enfin nous avons tenté de répondre au mieux aux exigences des habitants en termes d’orientation, type de logement (simplex, duplex, triplex), type d’espaces extérieurs, espaces communs… et il en résulte une imbrication complexe dans une enveloppe contrainte par les règles d’urbanisme.

 

Quels sont les impacts de l’habitat participatif sur les villes, selon vous ?

[MK & MD] : L’habitat participatif est une manière de concevoir des programmes en amenant de la mixité et de l’hétérogénéité notamment générationnelle dans les villes.

En associant l’habitat participatif à l’accession sociale nous permettons à certaine personnes d’accéder à la propriété dans des zones où ils auraient eu du mal à le faire. De plus en participant à la construction de leurs logements, ils sont de fait plus sensibilisés et investis  dans l’entretien quotidien de leur résidence.

L’habitat participatif, c’est beaucoup d’enthousiasme et d’engagement !